La petite ne cessait de se répéter sa trajectoire afin de ne pas se perdre, encore, et inutilement, dans les ruelles de cette ville. Elle avait un but. Son projet avait été fait à la va vite. Mais elle était décidée. Elle essayait de ne penser qu’à sa trajectoire, qu’elle avait appris par cœur sur les cartes de la ville. Elle avait une très bonne mémoire. Cela devait marcher de la même façon pour suivre un chemin. Si les autres y arrivaient bien sans se tromper, elle pouvait en faire autant. Elle était naïve, et ça encore, de moins en moins plus son pouvoir évolué, mais elle était loin d’être stupide.
Elle voulait se rendre dans un repaire de Pirates.

Et puis mince ! Pourquoi devait-on se jouer encore et toujours d’elle, pourquoi devait-on lui faire mal et s’amuser d’elle et rester les bras croisés ? Non non et non ! Il fallait que ça cesse.
Jaren s’était rendue chez les siens, abusait d’eux jour après jour. Pas qu’elle appréciait les gens de la noblesse, elle se disait même parfois qu’ils étaient différents, qu’elle ne pouvait pas être comme eux. Mais ce qu’elle n’avait pas aimé, s’était la raison de sa présence au château. Elle y était venue uniquement pour les piller. Elle lui avait affirmé n’avoir rien à faire d’elle. Pire, elle n’en avait rien à faire d’elle. Et c’était ça qui lui avait fait le plus de mal.

Elysis avait pensé à elle nuit et jour, chaque minute, chaque second. Elle voulait retrouver sa présence réconfortante. Juste être près d’elle. Etait-ce mal que de réclamer ainsi sa présence ? Mais plus elle se repassait les images de divers instants, plus elle se disait que ce n’était pas réciproque. Pourtant, elle y avait cru, dans cette auberge. Ce baiser n’était pas un leurre. Il avait été réel, il avait été sincère. Elle avait aimé ça, oh chère déesse, comme elle avait aimé ça. Elle se moquait qu’elle soit une femme. Elle se moquait qu’elle soit dans un monde qui ne lui appartenait pas. Elle la voulait, et elle mettrait tout en être pour y arriver.

Elle retrouva face à un bar, louche, très louche, mais si elle avait bien suivi son plan, si elle avait bien compris tout ce qui s’était dit un soir entre deux hommes qui discutaient au château, il s’agissait d’un lieu privilégié de rencontre pour les Pirates. Ils y venaient pour se détendre après un voyage en mer. Ils y venaient pour diverses transactions qui dépassaient bien évidement la petite. Elle se moquait de ce qui pouvait s’y passer, tant que cela ne concernait pas Jaren. Ce qu’elle voulait, s’était la trouver, ou mieux, trouver des personnes qui la feraient entrer dans le cercle étroit et non pas moins inquiétant des Pirates. Donc mieux que la retrouver, elle embarquerait sur le bateau qu’elle pourrait prendre et une fois sur mer, elle ne pourrait plus lui échapper et ne pourrait plus fuir toute cette histoire.
Son plan lui plaisait. Mais elle n’y pensait qu’à sa réussite sans se soucier de tous les ennuis qu’elle risquait ainsi d’avoir.

Un bandana dissimulant ses cheveux, un pantacourt large de couleur kaki et une chemise jaunâtre dont le bas était noué, elle passait plus pour un pêcheur que pour une Pirate. Mais au moins, sans maquillage, sans bijou, sans argent, sans robe au tissu riche, elle ne passait plus pour une Noble.

« Eh ‘tite dame ! On se s’rait pas déjà vu k’que part ? »

« Oh ba non m’sieur, je le saurais ! »

« Alors ça s’rait l’occas’ de faire connaissance ? »

Il arborait ce qu’il devait penser être son plus beau sourire. Mais à moitié édenté, puant l’ail, il avait l’air de tout, sauf d’un Don Juan. Avant péniblement sa salive, elle se demandait déjà comment finirait sa soirée si elle ne parvenait déjà pas à se dépêtrer de ce genre de lourd dingue…

Alors que l’homme à moitié édenté et puant l’ail venait de lui faire son plus beau sourire sans doute dans un espoir déjà vain de la séduire, la petite avalait péniblement sa salive en se demandant comment elle allait pouvoir se dépêtrer de ce genre de lourd dingue. Car si elle parvenait à se débarrasser de lui, vu les regards que bien d’autres avaient posé sur elle, elle n’allait pas parvenir à tous les chasser. Toute menue, à part le maniement des épées qu’elle ne possédait pas à ce moment là, elle était loin de pouvoir rivaliser avec leur muscle qu’elle ne trouvait pas attrayants.
Mais un homme, venu de nulle part, vint à sa rescousse. Il n’avait pas besoin d’user de violence pour repousser le gaillard rempli d’alcool. Quelques paroles bien placées et celui avait récupéré sa chope et après un grognement avait regagné sa table sans plus un regard vers eux. Elle devait en prendre quelques leçons. Cela ne serait jamais perdu car son entreprise semblait plus compliquée qu’elle ne le pensait. Elle prit le temps de regarder à qui elle avait affaire. Un Pirate, plutôt class, plutôt différents de tous ceux qui se trouvait dans ses lieux, plutôt chevaleresque que balourd.

« Merci ! »

Milady ? Mince ! Elle était repérée ! Enfin quoi que… Vu le comportement qu’il avait, cela ne collait pas parfaitement avec ce qu’elle avait pu voir des gens extérieurs au château avec les Nobles.
Il la salua d’un signe de tête. Et si elle avait une robe, elle aurait fait l’erreur de lui faire une révérence pour lui montrer sa reconnaissance. Mais pas de robe et donc pas de révérence. C’était ce qui la sauva à ce moment là. Une main massant sa nuque, elle se sentait plutôt confuse de la situation mais elle savait dès cet instant qu’elle ne devait pas laisser échapper cet homme. Il semblait être le seul en cette heure et en ces lieux à pouvoir l’aider.

« Je ne me suis pas trompée d’endroit. Je voudrais… enfin j’aimerais…
Attendez !»

Elle se faufila à travers la salle pour le rejoidnre au comptoire, tentant d’éviter les regards qui continuaient à se poser sur elle comme si elle était de la chair fraiche. Ce qu’elle était en quelque sorte mais dont elle se serait bien passée. Elle n’avait pourtant rien mis pour se mettre en valeur. Elle se demandait quel aurait été leur état si elle avait mis sa tenue traditionnelle indienne qui elle, la rendait plus sexy qu’elle ne l’aurait imaginé. Mais cet homme semblait Pirate, ça, il n’y en avait aucun doute. Mais il ne paraissait pas de la même trempe que ses boiteux baveux sans foi ni loi.

« Eh bien, vous m’avez l’air sympathique et disposé à la conversation. Je ne me trompe pas, pas vrai ? Je suis venue ici pour… pour affaire ! Et ce n’est pas avec ces gars là que je pourrais discuter. Vous me permettez si je… Vous m’accordez un instant ? »

Elle lui fit, malgré elle, ses petits yeux tendres, presque enfantin, qu’elle usait inconsciemment quand elle voulait obtenir quelque chose. Cela marcherait, cela ne marcherait pas, elle tentait du moins. Elle avait besoin d’une personne un minimum intelligent, un minimum agréable pour retrouver Jaren et au pire, trouver un navire sur lequel elle pouvait être susceptible d’embarquer. Bateau capable de l’embarquer elle aussi et d’être auprès d’elle encore plus longtemps…